de Bleu-Rouge » Jeu 22 Aoû 2024 18:07
"À notre arrivée, le club était en état de mort cérébrale", assure Jean-Michel Vidal, le président démissionnaire de l’ASBH
Abonnés
Le président démissionnaire de l’ASBH devait rester un an à la tête du club. Il en a passé quatre.
État des lieux, finances du club, staff, regrets, joies… Le président démissionnaire de l’ASBH revient sur les quatre années qu’il a passées au club.
Pourquoi avoir décidé de quitter la présidence du club et dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Il y avait beaucoup de lassitude. C’est une fonction très prenante. Je suis désolé de le dire, mais j’en avais vraiment assez ! Aujourd’hui, je me sens heureux et soulagé. Gérer un club de rugby n’est pas de tout repos. Je devais être là pour un an. Cela a duré 4 ans. Les présidents de la grande ASB se relayaient tous les 3 ans. J’en ai donc fait un de plus.
Avez-vous assuré votre fonction bénévolement ?
Ce furent quatre années de pur bénévolat. Personne ne trouvera jamais la moindre facture au club me concernant. Déplacements, restaurants ou autres… J’ai toujours tout payé.
"La reconnaissance est la maladie du chien non transmissible à l’homme"
En regardant dans le rétroviseur, on se rend compte que le club n’est plus le même…
À notre arrivée, il était en état de mort cérébrale. Il y a aussi eu la période de Covid-19, sans la moindre recette… À cette époque, nous avons dû faire face à un déficit de plus de 3 millions d’euros. Il n’y avait plus d’actifs. Les buvettes, la brasserie, une partie des loges… Ces recettes ne parvenaient plus à la SASP. Tous ces actifs ont été récupérés. Nous ne devons pas un centime à qui que ce soit. Nous avons même a réussi à offrir la gratuité des abonnements la saison qui a suivi la pandémie. Nous avons été le seul club en France à le faire.
Il a aussi fallu pas mal œuvrer au niveau sportif, non ?
Le sportif était également à la dérive. Peu à peu, nous l’avons reconstruit. Joueurs, staff sportif ou médical… Nous avons bâti un nouveau groupe. La saison écoulée, nous avons terminé troisièmes de Pro D2 et notre centre de formation a été classé premier des clubs de la division. On ne peut donc qu’être satisfaits.
Avez-vous eu la reconnaissance méritée ?
Je ne l’ai pas fait pour ça et comme on le dit : "La reconnaissance est la maladie du chien non transmissible à l’homme !"
"Ceux qui m’ont critiqué m’ont fait avancer"
Vous n’avez pas été épargné sur les réseaux sociaux. En avez-vous souffert ?
Je ne vais jamais sur les réseaux. Je n’y vois aucun intérêt. On m’a rapporté que des imbéciles et des charlots me traitaient de bouliste et Michaël Guedj de marchand de chiffons. Au moins, nous, nous sommes déjà cela… Tous ceux qui m’ont critiqué m’ont fait avancer.
Si vous aviez des remerciements à faire, ce serait à qui ?
Le premier que je remercie est mon ami Bruno Boivin. Il est une pointure nationale au niveau bancaire. Sans lui, les finances du club seraient loin d’être à ce niveau. Il a passé d’innombrables heures à s’occuper des finances, lui aussi, bénévolement. Michaël Guedj, nous a aussi aidé, même si des ennuis de santé l’ont éloigné du club. Il y a aussi, bien entendu, les salariés et les bénévoles qui travaillent désormais un peu différemment. C’est une des équipes les plus restreintes des clubs de rugby pros mais certainement une des plus efficaces et attachante ! Le staff sportif a beaucoup œuvré avec Pierre Caillet à sa tête. Il a fallu le nommer, puis le soutenir dans les moments difficiles. Je suis têtu et certainement fois, ça aide… Je n’oublie pas non plus les partenaires, présents dans les moments difficiles, les supporters, les institutions et, bien entendu, le maire. S’il n’avait pas décidé de "reprendre" le club, nous serions en Fédérale.
On a vu beaucoup d’anciens joueurs revenir au stade. C’est important pour vous ?
Il est plaisant de les entendre dire qu’ils se régalent, de recevoir des messages de remerciement de ces légendes.
Ce club est sain et en ordre de marche
Comment voyez-vous l’avenir du club ?
Ce club est sain et en ordre de marche. C’était la demande de Robert Ménard. L’équipe bâtie pour la saison à venir est à mon avis meilleure que celle de l’année passée. Performera-t-elle autant, je n’en sais rien. Quant au repreneur, cela ne me concerne pas. Cela regarde le maire et la Scic, qui détiennent 68 % des parts du club. Cela n’a rien à voir avec la SASP que nous avons gérée.
Le budget de cette saison sera à l’équilibre, malgré une augmentation de la masse salariale des joueurs de 20 %, validée par l’Autorité de régulation du rugby (ex-DNACG). Si nos successeurs ne font pas de folies, il ne devrait pas y avoir de problème. Sachant que l’argent ne fait pas tout et que le différentiel commence à devenir important. Cette année, au moins six équipes auront un budget deux fois supérieur au nôtre. À terme, ce sera de plus en plus compliqué de rivaliser financièrement.
Avez-vous des regrets ?
Déjà, et il est immense, c’est de partir en ne laissant pas le club en Top 14. On nous a volé la victoire à Vannes. Et j’ai l’intime conviction que nous aurions gagné un des deux matchs pour l’accession.
Quels souvenirs garderez-vous ?
Il y en a beaucoup… Je songe à des journées et des nuits d’angoisse quand tout manque, que ce soit l’humain ou les finances, le fait de devoir équilibrer un budget malgré les demandes incessantes, mais légitimes, du staff sportif. Du souci pour avoir un staff homogène et une équipe en adéquation avec nos moyens. Des matches perdus ou gagnés à la dernière minute, des joies, des peines. Je pense également à de mots forts que m’ont dit des joueurs. Ils resteront gravés à tout jamais dans ma mémoire.
Que diriez-vous à vos successeurs ?
Qu’ils doivent s’imprégner de ce club si particulier, qu’ils l’aiment, le portent et l’accompagnent dans les moments difficiles. Ils auront derrière eux une véritable armée, que seul ce club mythique possède. L’ASBH a une histoire unique, elle perdure et de nouvelles pages vont s’écrire. J’en suis persuadé.
Bruno Boivin : "Un club assaini"
Bruno Boivin a géré les finances du club. Il explique qu’à son arrivée, le déficit était de "3 M€ en intégrant les cessions d’actifs et les dettes diverses. La trésorerie actuelle est d’environ 1,30 M€. Le seul endettement de la SASP est le PGE qui se rembourse suivant le plan d amortissement. Le capital restant dû à ce jour est de 750 K€. Ce PGE s’élevait à 1,54 M€. Il sera remboursé en juillet 2026. Il explique aussi qu’il "n’y a aucuns flux financiers entre la SASP et la SCIC qui est exclusivement gérée par la mairie, Robert Ménard ayant toujours été tenu informé de notre gestion et de nos décisions. Notre mission avec Jean-Michel Vidal se termine avec un club assaini, suffisamment attractif pour des repreneurs motivés et ambitieux."
ASB : "PATRIMOINE IMMATÉRIEL DE BÉZIERS" !
CE qui ne tue pas rend plus fort".
"La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque fois"!