de GUY » Mer 29 Juil 2020 17:30
Actu Rugby : Michael Guedj, comment avez-vous endossé ce rôle de présidence à l’ASBH vendredi dernier ?
Michael Guedj : « On voyait bien qu’il y avait un point de non-retour depuis quelques semaines. La situation du club est très compliquée avec un déficit structurel de l’ordre de 800.000 euros chaque année, qui a été comblé par les actionnaires. Il y a eu des erreurs dans la communication c’est certain, une éventuelle reprise du club est venue se greffer. Me concernant, on m’aurait dit de quitter le club, de ne plus être sponsor ni actionnaire, ça ne m’aurait pas heurté. Quoi qu’il en soit, si on veut le bien du club on doit avancer. On se devait de repenser le club et sa structure juridique.
Une fois que le projet Sotaco n’a pas été validé, nous avons dû apporter des garanties dans la foulée auprès de la DNACG. J’ai accepté d’endosser ce rôle à la condition d’être épaulé, donner des voix à l’association, aux salariés, aux associations de supporters Rugbiterre, COSF et à la Banda Mescladis. J’irai plus loin en disant que le président devrait être élu et non pas nommé. Histoire aussi d’avoir le consensus de tous. »
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Parlez-nous de Jean-Michel Vidal, qui vous secondera dans votre tâche ?
M.G. : « Il a fallu le convaincre car ce n’était pas évident d’accepter un tel défi. Je l’ai suggéré à Monsieur le Maire qui a validé l’idée dans la foulée. Il m’aidera sur le plan administratif tandis que je me tiendrais sur le domaine du sportif. Jean-Michel n’est en rien intéressé dans cette histoire, si ce n’est pour défendre son club de cœur. Pour l’ASBH, il a accepté de prendre les premiers coups, je le remercie d’avance car il va beaucoup aider au quotidien. Les relations humaines, les institutions et tous les acteurs seront au cœur de sa mission. J’espère qu’il sera avec moi le temps que je reste au club.
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Envie de vivre de belles choses le temps de mon intérim
Avez-vous un contact avec les joueurs et le staff actuel ?
M.G. : « J’ai beaucoup échangé par téléphone avec David Aucagne. Ce matin nous avons eu une longue réunion avec le staff pour peaufiner la suite et les écouter. On a un rapport de confiance, on peut se dire oui ou non et c’est important. Je ne suis pas un homme de guerre et je veux clarifier plusieurs situations. Je suis très satisfait de la tenue de cette réunion. Vendredi, je passe la journée avec les joueurs. Je leur dirai de se focaliser sur le terrain et ne plus s’occuper du reste. On peut avoir des bonnes surprises, on revient de loin et j’ai envie de vivre de belles choses le temps de mon intérim. »
Gardez- vous contact avec Cédric Bistué et Pierre-Olivier Valaize, les présidents démissionnaires ?
M.G. : « Avec Cédric Bistué non, même si nous nous sommes contactés à quelques reprises durant la crise. Je n’ai réellement jamais travaillé avec lui car je ne suis au club que depuis trop peu de temps. En tout cas ce n’est certainement pas mon ennemi. Concernant Pierre-Olivier Valaize, je l’ai très régulièrement au téléphone, une passation de pouvoirs s’effectue dans le temps, je précise d’ailleurs qu’aujourd’hui je remplace Cédric Bistué. Dans trois semaines, la passation sera effective. Je reste humble, je ne connais pas toutes les considérations d’un club de rugby et nous allons travailler fort pour redresser le club. »
J’aimerai que le club s’ouvre à tout le monde
L’une de vos principales missions sera de réconcilier le peuple biterrois ?
M.G. : « C’est même une priorité, je reçois beaucoup de messages de supporters. Réconcilier les Biterrois au-delà des supporters, je vais essayer de mettre en place des choses. Je mène des combats au niveau des sponsors pour structurer le club et renforcer la formation. Nous sommes en contact avec deux ou trois joueurs supplémentaires qui, je l’espère, pourraient nous rejoindre prochainement. Un joueur a passé des tests d’ailleurs aujourd’hui. Je suis conscient qu’il y a aura plusieurs étapes, j’aimerai que le club soit vraiment ouvert à tout le monde. Que les gens aient une vision de l’intérieur. »
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Vous aviez indiqué la notion intérim dans votre prise de fonction, pourriez-vous préciser ?
M.G. : « C’est surtout le juridique qui va décider. Dans ma tête j’étais partant pour deux ou trois mois. Je suis prêt à envisager tous les scénarios. Mais je vais être très clair, si on me dit 48 heures avant qu’on a élaboré une solution qui trouve un écho auprès de tous, je me retire du jour au lendemain. Je n’ai aucun soucis avec cela, je suis Biterrois et j’aime ce club. J’ai mes activités professionnelles qui sont très prenantes. Aujourd’hui je n’ai pas de visibilité à ce sujet. »
Un budget aux alentours de 6,5 millions/7 millions d’Euros
L’état des finances du club ?
M.G. : « Globalement, les clubs de ProD2 ont moins souffert du Covid 19 économiquement que ceux du Top14. Le club a obtenu le PGE (Prêt Garanti par l’État) de l’ordre d’1,5 millions d’euros. Les finances sont améliorées par la force des choses mais il reste beaucoup de travail pour la pérennité du club. Je pense que le club tiendra vraiment la route avec les renforts ciblés. Il y aura forcément du travail à faire pour avoir de l’ambition. Le budget tournera autour de 6,5 à 7 millions d’euros, sous réserve d’un changement notable. Des supporters nous demandent des remises sur les abonnements. Je vais me battre pour faire un geste commercial auprès d’eux. Avec les joueurs, nous discutons avec pour les convaincre de faire un effort pour montrer l’exemple. »
Que diriez-vous aux supporters qui parlent de boycotter le stade ?
M.G. : « J’aimerai bien parler avec eux de vive voix. Ce matin j’ai rencontré cinq supporters aux abords du stade. Ils ont besoin d’être écoutés. Il faut instaurer un dialogue. Je leur ai dit ce que je savais de la situation. Ce n’est pas facile mais il faut s’ouvrir. Je vais me libérer un peu plus de mon travail et de mes activités. Ils sont aussi essentiels au club que Monsieur le Maire, les actionnaires ou quiconque. On doit être au même niveau même si on n’arrivera jamais à satisfaire 100 % des personnes. «
Interview réalisé par Guillaume PACO