Le record de matchs en Pro D2
« Ça fait partie des challenges que je me mets. Parce qu’au bout d’un moment, le rugby, c’est toujours un peu pareil, s’il n’y a pas quelques défis pour me pousser, ce n’est pas à la muscu que je vais le faire, ce n’est pas à la course ou la vitesse, ce n’est pas mon truc (rires). Du coup, tous les ans, je regarde ce qu’il y a à faire. Je pense que ça va être quand même compliqué cette année, j’ai manqué un bloc entier. Il me manque 13 matchs, un truc comme ça… C’est faisable, mais il faut que je revienne vite (il est blessé depuis mi-octobre, mais est désormais apte, NDLR). Et ça me permettrait de finir en beauté puisque ce sera ma dernière saison. À 39 ans, j’ai eu ma dose ! »
Votre meilleur souvenir ?
« Mes meilleurs souvenirs, ce sont surtout des maintiens notamment sur les deux ou trois premières années avec Béziers. Ça s’est beaucoup joué à la dernière journée, souvent contre . Il y avait tellement de cohésion dans le groupe, avec les épouses, les familles, on se faisait des grandes bringues dans une tente (à côté du stade de la Méditerranée à l’époque, ndlr). »
Votre pire souvenir ?
« Ça va être le décès d’un copain quand j’étais à Tyrosse (où il a fait ses débuts en Pro D2 avant de descendre en Fédérale 1, ndlr). Il jouait en réserve, moi j’étais en première. On jouait les qualifs, il est décédé sur le terrain, assis par terre… C’était l’un de mes meilleurs amis. Après ça, la semaine, ça avait été un peu compliqué. La réserve avait arrêté de jouer même si elle s’était qualifiée, nous on avait continué parce qu’on jouait la montée en Pro D2… »
Arrivé à Béziers en 2011, Francisco Fernandes pourrait battre le record d'apparitions en matchs de Pro D2 cette saison.
Arrivé à Béziers en 2011, Francisco Fernandes pourrait battre le record d’apparitions en matchs de Pro D2 cette saison. (©Icon Sport)
Le joueur le plus fort que vous ayez croisé ou côtoyé ?
« Parmi les grands joueurs avec qui j’ai joué, il y a Rémy Martin qui arrivait de Montpellier, qui a connu l’équipe de France. Il y a eu Jordan Puletua aussi, beaucoup de talent mais un peu fainéant ! Cela dit, quand il est arrivé à Carcassonne, il a arrêté les bringues, il a perdu du poids et il a commencé à s’y filer. »
Le match disputé dans les pires conditions climatiques ?
« Pour moi, c’était un match à Biarritz, avec ce terrain qu’ils ont, horrible, on ne pouvait pas courir. En fait, quand on courait, on ne voyait pas nos crampons parce qu’il pleuvait tellement. Au début du match, tu te dis bon ça va, et plus tu joues, pire c’est. Quand on faisait les mêlées on avait l’herbe qui dépassait les chevilles. Du coup, on s’enfonçait, c’était horrible. Et quand t’es gros, tu fais une mêlée, t’es sorti de mêlée, tu n’arrives même plus à courir, c’est dur… Après on s’en fout, on avait gagné ! »
Votre meilleure anecdote d’un avant ou après-match ?
« Les moments que je garde en tête, ce sont surtout des retours en bus. Dont un, en revenant de Biarritz, j’étais tellement cramé que je me suis endormi dans les toilettes. Je ne l’avais pas vu venir, j’étais parti aux toilettes pour uriner et je me suis endormi tellement j’étais farci. On va dire que ça faisait partie du rugby, mais on n’a plus trop le droit. On est déjà dans le collimateur de tout le monde, on va un peu se calmer. »
Sur ce sujet : le pire trajet en bus ?
« Les pires trajets de bus, c’est aller et revenir de Vannes ! Sur deux jours tu fais 12 heures à l’aller, 12 heures au retour. Tu pars de Vannes, il est 23h30 ou minuit, et quand tu ressors du bus il fait jour. Sauf qu’il n’y a pas de bus-couchette à cause de l’absence de ceinture. Franchement, c’est horrible, d’autant plus que tu gagnes rarement à Vannes. Je n’y ai jamais gagné même si on a souvent pris des points de bonus. »
Le meilleur public ou la meilleure ambiance ?
« Bayonne ! Bon c’est vrai que c’est presque chez moi, mais là-bas, c’est énorme. Il y a un public qui est magique. Vannes, c’est pas mal aussi, mais c’est un peu plus respectueux, il n’y a pas trop de bruit non plus, ce n’est pas pareil. Bayonne, c’est vraiment rugby à 100%. Il y a des vrais spectateurs qui gueulent sur les joueurs, qui insultent l’arbitre. C’est un vrai public qui supporte son équipe. »
Le joueur le plus fair play ou le moins fair play ?
« Ce n’est pas une question de fair-play ou non fair-play, mais le mec le plus agressif, c’est un copain à moi. C’est l’un de mes meilleurs copains, Marco Pinto Ferrer. Sur le terrain, il était affreux. Il parlait des fois, mais c’était surtout des gestes, des petits trucs. En face, dès qu’ils le voyaient, ils étaient dégoûtés. Après, c’est aussi pour ça qu’il était respecté. C’était un peu ça le rugby. D’ailleurs même moi, à l’époque, avant de jouer devant des caméras, j’étais un des plus connards ! (rires) »
Costaud en mêlée, Francisco Fernandes est aussi un pilier gauche très actif et mobile dans le jeu courant.
Costaud en mêlée, Francisco Fernandes est aussi un pilier gauche très actif et mobile dans le jeu courant. (©Icon Sport)
Le joueur qui symbolise le plus la Pro D2 ?
« Celui qui est vraiment le symbole de la Pro D2, ça doit être Joël Kofi. Tant que je ne l’aurai pas dépassé, ce sera lui. »
L’action ou l’essai que vous n’oublierez jamais ?
« C’est un peu hors sujet mais c’est une action contre les Fidji lors de la dernière Coupe du monde. On était dans nos 22, ils enchaînaient des temps de jeu, on se multipliait pour ne pas qu’ils marquent, on faisait plaquage sur plaquage. Je crois qu’en 1 minute j’avais dû faire 4 plaquages. Et il y a ce dernier plaquage que j’avais réalisé avec Martins où on avait retourné un joueur, la vidéo avait tourné un peu partout… Une action de 2 minutes ou 2 minutes 30 qui restera dans ma tête. Et puis en Pro D2, c’est plus une percée. Je ne sais plus quand c’était, je crois que c’était à Agen, j’avais fait marquer Jérémy Chaput après une percée et une chistera qui lui était tombée dans les mains. Pour un pilier, ce n’est pas souvent ! »
Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez recroiser ?
« Steve Fualau, un ancien talonneur australien de Béziers. Je suis toujours en contact avec lui, mais vu qu’il est reparti en Australie c’est plus difficile de se voir. On est vraiment des amis, même son épouse et la mienne. C’est bien dommage qu’ils soient partis. Ils étaient comme nous, bons vivants. Dès qu’on appelait pour l’apéro, ils étaient là, on n’habitait pas loin, à 400 ou 500 mètres, c’était pratique. »
Le joueur avec lequel vous avez créé la plus belle amitié ?
« J’en ai quand même une ou deux. J’ai surtout Rémi Villeneuve mon collègue de Tyrosse. On a commencé Soustons ensemble et normalement, les Soustonnais partent à Dax. Mais nous, on était les deux vilains petits canards noirs à partir à Tyrosse. Il y a lui, Marco Pinto Ferrer que je connais depuis 14 ans. Et forcément Pierre Caillet. On a joué ensemble, maintenant il m’entraîne. Mais je reste quand même à ma place, je sais quel est son statut, je sais quel est le mien. Je ne profite pas de ces situations, je ne vais pas forcément plus dans son bureau. C’est plus facile de se dire les choses et de lui rentrer dedans parce qu’on est amis. Quand t’es joueur, t’as toujours un peu peur. Si je lui rentre dedans, tu te dis « peut-être qu’il va me foutre au frigo pendant un mois », mais là ça passe. »







