Au temps des déménageurs

Du temps de Sauclières, des Brennus...

Re: Au temps des déménageurs

Messagede Bleu-Rouge » Ven 10 Mar 2023 08:19

https://www.midilibre.fr/2023/03/09/100 ... 049259.php

100 ans d'histoire de l'ASBH passés au crible par David Wozniak : les records individuels
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Armand Vaquerin, ici derrière Pierre Lacans, est le joueur qui a le plus soulevé le bouclier de Brennus.
Armand Vaquerin, ici derrière Pierre Lacans, est le joueur qui a le plus soulevé le bouclier de Brennus. midi libre - Archives

Rugby XV, Sport, ASBH, Béziers
Publié le 09/03/2023 à 20:01

Celui qui est aussi prestataire de services dans les rangs rouge et bleu s'est attelé, pendant quatre ans, à une thèse consacrée à l'ASBH. Une première. Midi Libre propose de découvrir des anecdotes qui font l'histoire du club biterrois.

Midi Libre propose, chaque jeudi, des anecdotes présentes dans la thèse de David Wozniak. Des témoignages ou encore des faces cachées de certains grands moments d’histoire du temps où l’ASB arborait encore un logo davantage rectangulaire qui était surmonté d'une couronne. En sept volets, David Wozniack offre des moments savoureux qu’il a puisés à travers ses quatre ans de labeur. Voici le troisième.

Lors de leur règne sur l’Ovalie nationale, les Biterrois ont accumulé les records. Celui qui est aussi prestataire de services au club, en a listé les principaux, qui mettent en exergue les individualités :
Record du joueur le plus titré nationalement

Lors des années 1970 et 1980, Béziers a dominé le rugby français en remportant dix fois le championnat de France, sur les onze remportés par l’ASBH qui a disputé un total de 15 finales. Un seul joueur a pris part à l’ensemble de ces victoires. Il s’agit du pilier gauche, Armand Vaquerin, qui a donc soulevé le bouclier de Brennus en 1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980, 1981, 1983 et 1984. C’est un record de France que, sûrement, plus personne ne battra.

Certains de ses coéquipiers, cheville ouvrière du Grand Béziers, trustent ce classement des joueurs les plus titrés. Jean-Louis Martin est 2e de ce classement avec neuf titres, manquant celui de 1975 car il jouait à Toulon. La deuxième ligne du Grand Béziers, Michel Palmié – Alain Estève, complète le podium avec huit titres.
Record d’essais marqués par le même joueur sur un seul match

16 décembre 1979. Béziers reçoit Montchanin. Champions de France en titre, les Biterrois ne font pas dans le détail. Ils étrillent les Bourguignons sur le score de 100 à 0. Dans une époque, d’ailleurs, où les essais ne valaient que quatre points… Mais ce jour-là, un homme brille. Un joueur inscrit 44 des 100 points de l’ASBH : l’ailier Michel Fabre, aujourd'hui patron du bar La frégate à Valras-Plage. Il avait en effet inscrit 11 essais. Un record national, mais également mondial.
Record de l’essai le plus rapide

Le 23 avril 1989, un nouveau joueur réalise un exploit avec les couleurs rouge et bleu. Le talonneur Diego Minarro, aujourd’hui directeur du centre de formation de l'ASBH, a inscrit un essai après seulement neuf secondes de jeu. Un record mondial, à l’époque. Il a depuis été battu par l’ailier gallois James O’Connor, qui avait marqué un essai après huit secondes contre les Fidji lors de la coupe du monde U20, en 2014.

Toutefois, l’essai de Diego Minarro reste un record mondial pour un avant et le plus rapide jamais inscrit en France, à égalité avec celui de Benjamin Fall, marqué en 2021, en Pro D2, avec Oyonnax, face à Soyaux-Angoulême.
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Eric le Rouge (et bleu) » Ven 10 Mar 2023 08:37

Merci yiyiyeooo
" Oui, je sais que les supporters biterrois ont les boules, c'est pour ça que j'ai mis un bouliste à la tête du club "(Robert Ménard le 24 Juillet 2020)

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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Cyril » Ven 10 Mar 2023 21:20

bravo bravo
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Bleu-Rouge » Dim 2 Juil 2023 19:43

Béziers clair obscur
Parmi les légendes de vestiaires qui alimentent les fantasmes et racontent en creux l'histoire d'une équipe, d'un club ou d'un sport, les tensions biterroises appartiennent à cette Iliade en temps de paix que l'on nomme aussi Championnat de France, qu'il soit à quatre-vingt ou quatorze clubs. Les témoins de cette époque mythique qui vit Béziers se muer en armée cathare rouge et bleue derrière Raoul Barrière dans le rôle de Ménélas et Richard Astre dans celui d'Achille racontent facilement à quel point de solides inimitiés - mais jamais d'indifférence - s'évanouissaient une fois la tunique enfilée, les intérêts individuels faisant alors cause commune.
A l'heure où les mythologies ovales s'évanouissent les unes après les autres, atteintes par la limite d'âge ou ensevelies par l'actualité abondante, l'histoire de Béziers, l'un des trois clubs phares du rugby français avec le FC Lourdes et le Stade Toulousain, nous revient éclairée sous contraste par la bonne affaire Dominici, ce rachat d'un pan de gloire éteinte par un investisseur dont la manne trouve sa source dans les champs de pétrole émiriens.
La fortune ne souriant pas toujours de façon continue, comme Lourdes et Toulouse, Béziers s'inscrit de façon indélébile dans notre saga par le jeu, ce qu'on appelle une empreinte et qui dépasse les titres. Evoquer ce que Béziers apporta de relief au rugby pendant plus de deux décennies, c'est convoquer la guerre des styles et les postures tactico-techniques ; c'est se signer en entrant dans une chapelle dont les saints s'appellent Barthez, Danos, Barrière et Astre dans une liturgie remarquablement dessinée par un enlumineur nommé Pierre Conquet, auteur des Fondamentaux du rugby, bible des convertis à la ligne d'avantage.
Enlevez les présidents-propriétaires-mécènes du Top 14 et de la Pro D2, ainsi que les clubs adossés à de grandes entreprises, que reste-t-il ? Comme le Racing 92, Bordeaux-Bègles, Toulon et les Stade Français avant lui, Béziers troué de déficit va éviter la descente en Fédérale 3 amateur par la grâce d'un nouveau repreneur. Lourdes n'a pas eu cette chance. Quant à Toulouse, son modèle économique indépendant le place pour l'instant, comme La Rochelle, au-dessus des nuages qui s'accumulent partout ailleurs.
L'argent peut tout s'offrir ? Joueurs, entraîneurs, raison sociale, stade, renommée ? Peut-être. Demain les transferts d'internationaux, comme au football, enrichiront les clubs formateurs, les agents, les joueurs eux-mêmes et leurs conseils, constituant ainsi une bourse des ventes, un marché autoalimenté en vase-clos. C'est un Spanghero, Philippe, qui le souhaite et l'annonce, interrogé par mon excellent confrère David Reyrat dans Le Figaro, étonnant renversement des valeurs, preuve s'il en fallait de cette évolution que certains nomment progrès.
Invité par Jean-Paul Jorge à évoquer mon meilleur souvenir de journaliste, m'est spontanément venue à l'esprit la finale de Coupe du monde 1995 à Johannesburg et l'entrée sur la pelouse de l'Ellis Park de Nelson Mandela revêtu du maillot n°6 du capitaine des Springboks, Francois Pienaar. Certaines choses ne s'achètent pas. Elles appartiennent au patrimoine incompressible qu'est notre mémoire individuelle et collective que seuls l'art et le sport peuvent produire.
En inaugurant le square Joseph Navarro lundi à Béziers, les anciennes gloires de ce club ont certainement pensé très fort - et pour certaines la larme au coin de l'œil - à l'ironie du sort, l'iniquité du destin, l'inanité des honneurs, en souvenir de ce Pepito éruptif (cf photo), petit gabarit courageux, sec et souple comme un roseau d'acier, qui débarqua un jour à Sauclières transi et affamé, et que le concierge du stade recueillit après l'avoir trouvé endormi dans le vestiaire. Arrivé d'Espagne et passé gamin par le XIII à Lézignan, il n'avait nulle part ailleurs où aller.
Il est mort en 2011, à 65 ans, presque abandonné, en tout cas miséreux et malade. Trois fois champion de France (1971, 1972, 1974), cet ailier sans peur demeure dans les mémoires comme celui qui offrit en 1975 sa place de titulaire en finale à Claude Casamitjana au motif qu'il avait déjà trois titres de champion de France, que ça lui suffisait amplement et qu'il fallait faire place aux jeunes. C'est de cela dont est tissé le sport en général et le rugby en particulier. Cette étoffe, qui n'est pas celle du maillot mais du cœur, tout l'or du monde ne peut l'acheter.
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Eric le Rouge (et bleu) » Lun 3 Juil 2023 08:33

Merci. yiyiyeooo
" Oui, je sais que les supporters biterrois ont les boules, c'est pour ça que j'ai mis un bouliste à la tête du club "(Robert Ménard le 24 Juillet 2020)

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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Cyril » Jeu 6 Juil 2023 18:54

Superbe article !!!
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Bleu-Rouge » Dim 9 Juil 2023 16:26

ASBH : personnage attachant et incontournable du rugby biterrois, Diego Minarro quitte "l'institution"
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Rugby XV, ASBH, Sport, Béziers
Publié le 09/07/2023
Laurent François

L'ancien talonneur, double champion de France avec Béziers, part en retraite l'esprit serein et le sentiment du devoir accompli. Rencontre avec un homme au grand cœur, sensible, féru d'archéologie et qui a donné 43 ans de son existence à son club.

À l'ombre du tilleul bicentenaire, il fait tellement bon vivre que le temps s'évanouirait presque trop vite. Même Dildo, le chat des lieux, semble acquiescer en se couchant avec nonchalance, les yeux mi-clos, à quelques mètres de la table. Les cigales n'en perdent pas une miette et bercent l'atmosphère. Diego Minarro savoure l'instant. Il est midi dans sa demeure de Nissan-lez-Ensérune, le village où ses parents ont posé leurs valises, il y a des lustres, fuyants alors l'Espagne fasciste de Franco. Il y a quelques jours, l'ancien talonneur, double champion de France avec l'AS Biterroise en 1983 et 1984, a tourné une nouvelle page ovale de son existence. L'heure de partir en retraite a sonné. Il quitte la direction du centre de formation de ce club, où il a œuvré pendant 43 ans.
"L'oppidum d'Ensérune, c'est le centre du monde"

Les souvenirs se bousculent. La famille, les amis, le rugby et cette passion de l'archéologie qui ne l'a jamais quittée depuis qu'il est adolescent, transmise par Joseph Jiry, le curé du village qui amenait ses jeunes fidèles chercher des trésors après les offices religieux. Dans le jardin, dans la maison, sur un coin de table, sur un muret, dans une vitrine... Diego a posé des centaines de pierres, ("mes pierres", aime-t-il dire) plus ou moins grandes, glanées au fil de ses balades autour de Nissan, du côté de l'oppidum d'Ensérune, "le centre du monde, se marre-t-il. Car il faut bien le dire, contrairement à ce qu'affirmait Dali, ce n'est pas la gare de Perpignan qui est au centre du monde mais l'étang de Montady, sur le point zéro, à l'endroit où partent les 77 canaux qui font ce décor exceptionnel !"
"C'est mon club, mon institution"

L'ancien talonneur revient maintenant sur l'ASBH. Il s'enflamme : "C'est mon club, mon institution, dit-il, les yeux brillants. Il et elle n'appartiennent à personne et sont l'œuvre de tous. J'ai pour habitude de dire qu'il n'y a qu'une seule devise valable, une unique question que tout le monde devrait se poser : "Mon action sert-elle l'institution ?" L'ASBH fait partie du patrimoine immatériel de la ville de Béziers. Je voue un respect éternel à mon club. Je lui dois tout, mon évolution d'homme, mon tremplin social et la fierté de mes parents qui ont pu assister à la finale de 1983 grâce au président Céleste Bringer. J'ai vécu des joies intenses comme le partage avec le peuple biterrois et sa région, la communion avec les supporters."

Après avoir été un rugbyman de talent et œuvré dans le commerce (il a tenu un bar à Nissan, l'Acropole, et une discothèque à Saint-Pierre-la-Mer, le Taka), Diego Minarrro s'est tourné vers la transmission, un art de vivre chez lui. Avant de devenir directeur du centre de formation de l'ASBH, dont il a pris les rênes en 2003, il a été entraîneur au club, étant un des rares à être diplômé d'état. En 2019, il a aussi décroché son diplôme de préparateur mental : "Ma transmission a toujours été basée sur un rapport de confiance et d'honnêteté. Il faut savoir rester intègre dans la formation des hommes qui vont porter le maillot rouge et bleu. Il ne faut jamais leur mentir. Nous devons leur parler vrai, sachant que nous avons toujours cherché des joueurs autonomes disposant d'un bagage technique complet qui puisse leur permettre de jouer juste et collectivement."
La clef de la vie, c'est aimer, apporter et transmettre

Transmettre, donner, apporter. L'ex-guerrier du pack biterrois ne peut s'en empêcher : "Le plus important c'est la transmission, martèle-t-il. La clef de la vie, c'est aimer, apporter et transmettre. Il est capital d'éveiller la curiosité chez les jeunes, de les amener à l'art, la musique, l'histoire, de leur faire ressentir l'importance du vouloir apprendre en respectant, bien entendu, ceux qui sont passés avant nous. Car la richesse, ce sont eux."

Ces valeurs, Diego les a transmises à ses trois enfants. Sur les pas de leurs parents et notamment de Françoise, leur maman, ils sont devenus artistes : "Enzo est concept artist à Montreal au Canada, Hugo est programmateur en métiers d'arts chez Van Cleef et Arpels (joaillerie et horlogerie). Avec un parrain comme le peintre Pierre Marques et avec sa maman artiste, il y a des chances que Pablo suive le chemin de ses frères aînés. C'est ma plus grande fierté de les avoir amenés sur la voie de la création, du respect de la vie, de la nature," sourit le Nissanais qui a fêté ses 62 ans en mai dernier. Tableaux, peintures, sculptures... Chez les Minarro, l'art est au centre de tous les débats. Dans la maison ou le jardin, les œuvres des siens et de ses amis artistes possèdent les lieux. Un enchantement pour les yeux et le cœur.
"Un chercheur dans le rugby"

Parti en retraite, Diego Minarro ne va pas pour autant chômer. Il se revendique comme "un chercheur dans le rugby" et entend plus que jamais poursuivre sa quête d'exploration ovale : "Je fais actuellement un travail sur la biomécanique du geste dans le rugby. Le but est de faire comprendre à un joueur comment son corps doit être le plus efficace possible. Je veux aussi poursuivre la préparation mentale, à mon avis incontournable dans le rugby. Je suis en recherche permanente. J'ai intégré l'équipe pédagogique de l'AFM Management de Toulouse (formation aux métiers du sport)". L'ancien talonneur est également l'inventeur du Top Pousse, un joug de formation. Il vient aussi de déposer un brevet sur le "premier maillot stabilisateur de première ligne".

Ayant plus de temps libre, Diego Minarro va en profiter pour voyager, "chercher d'autres cailloux" mais surtout, revenir sur les traces de ses ancêtres, "faire le trajet inverse de celui de mon papa" en allant à Lorca, d'où il est originaire.

Un autre départ pour un homme attachant qui part en retraite "heureux, serein et avec le sentiment de la mission accomplie".
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Bleu-Rouge » Lun 10 Juil 2023 18:34

Ce lundi, la cité biterroise pleurait les trente ans de la disparition d'Armand Vaquerin. Le pilier gauche était un des symboles du Grand Béziers, une équipe en avance sur son temps qui a largement dominé le rugby français entre 1971 et 1984. Retour sur cinq moments marquants.

16 mai 1971 : le premier d'une longue série

En 1971, Béziers n'est pas encore le Grand Béziers. Créé en 1911, le club a alors vécu sa période la plus faste au début des années 1960. Vainqueur du championnat en 1961 en restant invaincu toute la saison, l'ASB est malheureux finaliste en 1960, 1962 et 1964. Retour en 1971. L'entraîneur Raoul Barrière s'est appuyé sur une majorité de joueurs qu'il a déjà conduits au titre de champion de France Junior Reichel en 1968. Après avoir écarté le Stade poitevin, Dijon, le Stade bagnérais et Agen en phase finale, les Rouge et Bleu croiseront, en finale, Toulon. Les côtes cassées d'André Herrero, la cravate sur Jack Cantoni en pleine relance folle qui amène l'essai de René Séguier... Ce match restera dans les mémoires. Les Biterrois l'emportent au Parc Lescure de Bordeaux, 15-9 après prolongation. Armand Vaquerin, Richard Astre et consorts ont ramené le premier Bouclier de Brennus d'une longue série sur les Allées Paul Riquet.

1978 : le départ du Sorcier de Sauclières

Pilier gauche de l'équipe championne en 1961 et membre de l'équipe de France partie en Afrique du Sud pour la mythique tournée de 1958, Raoul Barrière a commencé, donc, par entraîner les jeunes à l'ASB. En 1968, le prof de sport a pris en main l'équipe première. Il est devenu l'architecte du Grand Béziers. Précurseur, visionnaire, il changera à tout jamais l'histoire de Béziers, créant une armada avec beaucoup de joueurs du cru. C'était lui qui a fait des avants les premiers attaquants. C'était aussi lui qui leur a demandé de faire des passes après contact, stratégie payante tant les Vaquerin ou Estève étaient des formidables joueurs de ballon. Au-delà du terrain, Raoul Barrière était un éducateur mais aussi en recherche permanente de nouvelles méthodes pour améliorer les performances de ses joueurs. Il est le premier à avoir introduit les entraînements quotidiens, les tests sanguins, les votes à bulletins secrets ou la sophrologie. Il a quitté le club en octobre 1978, après une brouille avec Alain Estève.

Longtemps, le Sorcier de Sauclières et son équipe ont été critiqués et haïs pour leur différence. Mais force est de constater, quarante-cinq ans après le départ de l'entraîneur, que les Biterrois ont toujours plusieurs records, dont certains ne seront jamais battus. Du 1er septembre 1970 au 18 février 1973, soit deux ans, 4 mois et 17 jours, Béziers a signé un record d'invincibilité, toutes compétitions confondues. Lors de la saison 1978, Béziers a marqué 124 essais soit 6,52 essais par match. Béziers a terminé cinq saisons invaincu en championnat : 1961, 1971, 1972, 1975, 1978. C'est d'ailleurs un record de France tous sports collectifs confondus. Trois saisons, en 1972, 1975 et 1977, l'ASB a fait le grand chelem, remportant toutes les compétitions dans laquelle elle était engagée : le Bouclier d'automne, le Challenge Jules-Cadenat, le Challenge Yves-du-Manoir et le championnat. En 1978, Roger Couderc, au commentaire de la finale ASB-Clermont, a eu cette phrase : "Béziers joue déjà le rugby de l'an 2000". Raoul Barrière n'y était pas étranger.

11 octobre 1981 : la forteresse de Sauclières cède

Ce jour-là, Béziers s'est incliné dans son stade de Sauclières contre La Voulte, 10-19. Anodin peut-on penser. Mais non. Une des plus grandes séries de l'histoire du sport venait de se briser. Durant onze ans et neuf mois, l'ASB n'a pas perdu une rencontre à domicile. Durant onze ans et neuf mois, les supporters biterrois ne sont jamais ressortis du stade situé entre l'Orb et le Canal du Midi déçus. Durant onze ans et neuf mois, chaque équipe se rendant à Béziers est repartie sans s'imposer. La dernière défaite des Rouge et Bleu remontait alors au 5 janvier 1969, face à Brive (8-9). Cette longévité est un record en France, toutes disciplines confondues. Serait-ce même un record du monde ?

16 décembre 1979 : le 100-0 et les onze essais de Fabre

De nombreux records ont été cités dans les paragraphes précédents. Cet après-midi de décembre, deux ont été battus. Le premier, celui du nombre de points inscrits dans un match. Béziers s'impose contre une équipe de Montchanin remaniée sur le score sans appel de 100-0 ! Et c'est précis car les joueurs ont calculé pour que le score soit pile de 100 points marqués. Pas 99, pas 101, l'objectif était 100, l'ouvreur Patrick Fort manquant volontairement la dernière transformation. Avec des adversaires incapables de marquer le moindre point, cela se transforme en une véritable démonstration. La motivation des Biterrois à pulvériser les Bourguignons se trouve dans un déplacement à Montchanin, en septembre 1975. Les Héraultais, invaincus en championnat depuis vingt mois, étaient alors tombés 16-12. Cinq ans plus tard, on pouvait dire que la vengeance était un plat qui se mangeait froid.

Si ce match a été un succès collectif, un homme est ressorti du lot : Michel Fabre. L'ailier a inscrit... onze essais, aux 4e, 29e, 35e, 40e, 45e, 50e, 55e, 60e, 64e, 75e et 78e minutes. Il a effacé le record du Briviste Michel Puidebois et ses huit essais en 1973. En deuxième mi-temps, ses coéquipiers ont tout fait pour qu'il inscrive le plus d'essais possible. À l'époque, un essai ne valait que quatre points. Aujourd'hui, le score serait de 121 à 0 !

26 mai 1984 : la dernière séance

Un dernier voyage à Paris, au Parc des Princes. Un suspense haletant, 21 partout. Un dénouement aux tirs au but, pour la seule fois en Top 14. Un ultime retour festif dans le sud et une dernière présentation du bouclier de Brennus sur les allées Paul-Riquet. Béziers a remporté son onzième championnat contre Agen. Le dernier du club à ce jour. C'est la fin de l'époque dorée, du Grand Béziers, une des plus grandes équipes de l'histoire du rugby, voire du sport en général. Le débat peut être ouvert tant cette équipe a dominé sa discipline - dix titres, onze finales en quatorze saisons - et a établi nombre de records qui semblent inatteignables dans notre rugby moderne.

En 1986, le capitaine de Béziers Pierre Lacans décède dans un accident de voiture. En 1993, c'est la disparition d'Armand Vaquerin qui émeut la cité biterroise. Puis vient le déménagement de Sauclières au Stade de la Méditerranée, le professionnalisme, les moyens qui se font rares, les relégations... Et la nostalgie d'une époque dorée.
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede drop 74 » Lun 21 Aoû 2023 17:05

Je n'avais pas vu ce magnifique reportage et je te remercie de nous l'avoir fait partager! yiyiyeooo
BRAVO AUX JOUEURS ET AU STAFF BITERROIS.


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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Rebaut le bas » Dim 10 Sep 2023 15:38

Aujourd'hui dans le Jdd ( j assume sa lecture),on parle deux fois de nous.
Rives se plaint qu' à BÉZIERS on l appelait la blonde .
Vendroux le footeux dit que sa première idole au rugby ce fut notre grand Richard Astre
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Re: Au temps des déménageurs

Messagede Cyril » Lun 11 Sep 2023 20:06

Rebaut le bas a écrit:Aujourd'hui dans le Jdd ( j assume sa lecture),on parle deux fois de nous.
Rives se plaint qu' à BÉZIERS on l appelait la blonde .
Vendroux le footeux dit que sa première idole au rugby ce fut notre grand Richard Astre



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