de Bleu-Rouge » Jeu 21 Nov 2024 08:52
Reprise du club de Béziers par un fonds d’investissement irlandais : le décryptage complet
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Andrew Mehrtens, au micro, devrait être le président du Directoire.
Rugby XV, Economie, Béziers, ASBH
Publié le 20/11/2024
Laurent François
Qui sera le président du club ? Qui en sera le patron ? La Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) créée par la Ville de Béziers demeure-t-elle ? Combien les repreneurs ont-ils racheté le club ? Voici les réponses aux questions que beaucoup se posent dans le Biterrois après le rachat de l’ASBH, le club de rugby de Béziers, par un consortium d’investisseurs irlandais et anglais.
Jeudi 7 novembre, lors d’une conférence de presse, Robert Ménard, le maire de Béziers, a présenté trois des repreneurs de l’ASBH, Andrew Mehrtens, Robert Skinstad et Johnny Howard, actionnaires du fonds d’investissement irlandais Strangford capital. De quoi ravir les inconditionnels du club qui attendaient ce moment avec grande impatience. Toutefois, après la conférence, un grand nombre de questions sur, entre autres, la future gestion du club, le rôle des acteurs de ce rachat, leurs ambitions, leurs objectifs ou encore leur budget demeuraient. Décryptage avec le premier magistrat Robert Ménard qui a cédé le club et n’est désormais plus le patron.
La Société coopérative d’intérêt collectif sera-t-elle maintenue ?
Créée en 2021 par la municipalité de Béziers, la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) "Béziers sport développement" a permis de sauver le club financièrement, cette SCIC étant devenue l’actionnaire majoritaire de la SASP Béziers Rugby, à hauteur de 77 % de ses parts. Le reste de ses actions (23 %) appartient à plusieurs dizaines d’actionnaires, certains n’en possédant même qu’une seule. À noter que Christophe Adriet, le président du groupe AT Patrimoine, société de Pérols qui forme les salariés de copropriété, était, avec la SCIC, le plus important actionnaire du club. Il détenait 10 % des actions. Elles ont, depuis, été rachetées par la SCIC.
Cette SCIC est toujours fonctionnelle. Les repreneurs du club, le fonds d’investissement irlandais Strangford capital, ont payé un peu plus de 1,70 M€ pour racheter 75 % de ses parts. Ils sont donc, à travers elle, les actionnaires majoritaires de la SASP Béziers rugby et sont donc devenus les nouveaux patrons du club. La Ville a toutefois conservé 2 % des actions.
"C’est une opération blanche pour la Ville, explique Robert Ménard. Elle avait, par exemple, prêté 400 000 €. À travers ces 1,70 M€, ils ont été remboursés, comme l’ont été tous ceux qui détenaient des actions. Car nous n’avons pas racheté de dettes, mais bien des actions."
Quel rôle pour la Ville de Béziers ?
Dans les négociations avec les repreneurs, la Ville a imposé que trois actionnaires de la SCIC soient présents au Conseil de surveillance du club. Robert Ménard, Jennifer Carles, la directrice générale des services de la mairie, et Bruno Boivin, qui s’est occupé des finances du club sous la présidence de Jean-Michel Vidal, en feront partie : "La Ville continue à donner 1,50 M€ au club à travers des subventions, l’entretien du stade ou encore la communication… Il était donc normal qu’elle soit présente au Conseil de surveillance et que ces trois représentants aient un droit de veto sur un certain nombre de décisions. Aujourd’hui, le club se porte bien. Il n’y a aucune dette. Nous avons terminé la saison avec 200 000 € de bénéfice", précise le maire.
Andrew Mehrtens sera-t-il réellement aux commandes ?
Hervé Billaud est actuellement le président du directoire de l’ASBH. Il a succédé à Jean-Michel Vidal en attendant qu’il y ait un repreneur. Ce n’est pas encore officiellement établi mais le prochain président du directoire, le patron, devrait être Andrew Mehrtens. Robert Skinstad devrait, lui, présider le Conseil de surveillance. Tout comme les deux anciens internationaux, Johnny Howard fait partie des cinq actionnaires de Strangford Capital. D’après Robert Ménard, ce dernier n’a nullement interféré dans la transaction, ni les négociations. Les interlocuteurs de la Ville ont été les avocats de Strangford capital. Le rôle dans le club de Johnny Howard n’est pas encore vraiment déterminé. Mails il est omniprésent, que ce soit lors des matches, des entraînements ou dans les bureaux. Étant sur place, il ne peut qu’être l’interlocuteur privilégié de ses compatriotes anglo-saxons, lesquels ayant déjà annoncé qu’ils ne séjourneraient pas souvent dans la cité de Riquet.
Quelles garanties ont été apportées ?
Les négociations de rachat du club ont duré plusieurs semaines, le temps notamment que les repreneurs apportent un certain nombre de garanties à plusieurs niveaux : "Le premier point est qu’ils ne nous ont pas fait des promesses irréalisables, assure le maire. Comme, par exemple, nous dire que leur objectif est de monter en Top 14, dès l’année prochaine. Tout le monde sait que c’est impossible. J’ai apprécié leur prudence d’annoncer que cela ne se fera que d’ici quatre à cinq ans. Sportivement, tout ce qu’ils nous ont dit, comme leur volonté de continuer à se reposer sur les jeunes et la formation, nous a aussi semblé réaliste."
Le deuxième point qui a rassuré l’édile est la personnalité des repreneurs : "Andrew Mehrtens et Robert Skinstad sont deux grands noms du rugby. Quant à Eddie Jordan, nous l’avons eu en visioconférence. Il est aussi l’un des actionnaires de Strangford capital. Ce n’est pas rien. C’est un homme d’affaires qui connaît le sport professionnel et qui a un formidable carnet d’adresses en termes de sponsors. S’il n’est pas venu à la conférence de presse, c’est qu’il avait des problèmes de santé. Enfin, le dernier point qui nous a séduits dans ce rachat, c’est qu’ils ont mis la somme d’argent requise et qu’ils ont accepté les conditions et les garanties demandées par l’autorité de régulation du rugby (ex-DNACG)."
Les repreneurs étaient reçus en début de semaine par la Ligue nationale de rugby. Comme tous les clubs, ils retrouveront le gendarme financier de l’Ovalie française à la mi-saison pour refaire un point en termes de finances pour la suite de la saison.
Quel budget pour le club ?
Sur le budget et les finances, les repreneurs n’ont pas été très loquaces : "On va voir avec eux, assure Robert Ménard, confiant. Nous leur avons demandé une somme d’argent, ils l’ont mise. On va maintenant envisager la suite. Eddie Jordan est un atout pour faire venir des sponsors. Ils n’ont aucun intérêt financier. Personne ne rentre dans un club pour ça, cela n’existe pas. C’est d’ailleurs un des éléments qui nous a convaincus de leur vendre le club. On n’a pas sacrifié la Ville, non plus, aux repreneurs. Il n’y a pas eu, avec eux, comme ce fut le cas dans d’autres villes, de tractations immobilières. Alors que la moitié des trois quarts des propositions que nous avons eues d’éventuels repreneurs, c’était cela. Nous n’avons jamais accepté."
Quel organigramme ?
Au niveau administratif, les repreneurs ont dit ne pas vouloir bouleverser ce qui est déjà en place. Arthur Bachès demeurera, entre autres, directeur général du club. Ils entendent aussi travailler dans la continuité au niveau du sportif. Pierre Caillet reste le patron du sportif. "Cela n’a jamais été un objet de débat", assure Robert Ménard. "Ils ne vont rien changer maintenant, ce serait de la folie."
ASB : "PATRIMOINE IMMATÉRIEL DE BÉZIERS" !
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