de Bleu-Rouge » Jeu 10 Oct 2024 12:32
Rugby amateur : démission, cessation de paiements, l'ancien président payé 5 000 € puis 4 000 €… l’association du MHR vacille
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Publié le 10/10/2024 à 08:01
Guy Trubuil
Le président de l’association du Montpellier Hérault Rugby (MHR) a annoncé son départ, sur fond d’un important déficit. Mohed Altrad, patron du club professionnel a été appelé à la rescousse.
Il n’y a plus de pilote au sein de l’association du Montpellier Hérault Rugby, la structure des amateurs du club. Ce lundi, lors d’un comité directeur, son président Marc Bantouré a annoncé sa démission moins de cinq mois seulement après son élection en lieu et place de Jean-Michel Arazo, devenu directeur général.
Des fragilités financières
Cette décision intervient quelques semaines après un rapport de la chambre régionale des comptes qui avait souligné les fragilités financières de l’association, confrontée à la diminution de ses recettes, principalement les subventions publiques, et à l’augmentation de ses charges, notamment le salaire de Jean-Michel Arazo, 5 000 € par mois depuis octobre 2023. Le vote de cette rémunération par le comité directeur avait déjà soulevé une première polémique. Les nouvelles secousses provoquées par cette démission (1) sont, cette fois, plus sérieuses. Car elles interviennent sur fond d’importantes difficultés financières. Un déficit d’exploitation supérieur à 500 000 € est évoqué par certaines sources internes.
Au bord de la cessation de paiements des salaires
Au cours de l’été, cette situation a conduit le président Marc Bantouré à lancer un appel à l’aide en direction de Mohed Altrad, le patron de la structure professionnelle (SA), adossée à l’association mais indépendante financièrement. "Sur fin août nous allons régler les salaires mais dès septembre nous ne serons plus en mesure de le faire. […] Concrètement si la SA ne nous soutient pas nous allons être en cessation de paiements", écrit-il à Mathias Altrad, nouveau directeur général du club. Huit salariés de l’association sont concernés. Le message d’alerte est toutefois atténué par Jean-Michel Arazo. "L’association n’est pas en péril. Mais il faut trouver des solutions. On travaille pour qu’il n’y ait pas de cessation de paiements. On subit tous des baisses de subventions, ce n’est pas propre à l’association du MHR", indique le directeur général qui dans le contexte a accepté une baisse de sa rémunération de 5 000 à 4 000 €.
L’hypothèse d’un renflouement du déficit de l’association par Mohed Altrad est bien l’une des solutions envisagées, ainsi que l’arrivée de l’un de ses proches, l’élu municipal Serge Guiseppin, pour reprendre les rênes de l’association.
L’arrivée de Serge Guiseppin
"Je fais partie des dix ou quinze personnes qui ont été consultées pour voir si elles pouvaient apporter une pierre à l’édifice. Aller plus loin serait hasardeux, du yo-yo spéculatif", répond l’intéressé. "Il faut bosser main dans la main avec Mohed Altrad mais il ne faut pas lui laisser contrôler l’association", insiste cependant un ancien membre du comité directeur qui avait déjà mis en garde sur les équilibres précaires de la structure en novembre dernier. "Mettre un opposant à Michaël Delafosse à la tête de l’association c’est que du bonheur pour parler avec la Métropole", raille un autre bénévole qui déplore déjà les coupes effectuées sur "les goûters, les repas des joueurs, les déplacements".
La Métropole, premier bailleur de fonds à hauteur de 600 000 € qui suit évidemment la situation avec attention : "Lorsque l’association a demandé à payer son président Jean-Michel Arazo 5 000 € on a immédiatement demandé un contrôle de gestion. Et on a enlevé la somme correspondante, environ 80 000 € de la subvention", révèle Christian Assaf, vice-président de la collectivité chargé des politiques sportives.
La Métropole attentive
L’élu regrette une "forme d’opacité, de mépris pour l’information de la Ville et de la Métropole qui posent question. Il y a un déficit mais comment l’association compte y remédier. Que Mohed Altrad participe à cette grande école ça nous paraît bien mais on attend qu’on nous présente combien est consacré à l’école, aux équipes féminines, et au fonctionnement de l’association. En fonction de ce travail on sera prêt à aider", observe Christian Assaf. Pour l’association, quoi qu’il en soit des prochaines décisions, le temps presse.
(1) Marc Bantouré n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le motif officiel de sa démission serait lié à un problème d’emploi du temps avec sa profession de responsable d’hypermarché.
La chambre régionale des comptes évoque "un déficit structurel"
Dans un rapport définitif rendu public en août dernier, la chambre régionale des comptes avait révélé la fragilité de la situation financière de l’association du Montpellier Hérault Rugby.
Les comptes ont été observés sur la période 2017-2023 incluant donc la parenthèse du Covid qui avait permis à la structure d’améliorer ses résultats en raison des économies de charges. "Le financement public, notamment des collectivités territoriales a oscillé entre 58 et 75 % des produits d’exploitation. La baisse des subventions publique a généré un déficit structurel, l’association n’ayant ni trouvé suffisamment de financements privés ni suffisamment réduit ses charges", notent les magistrats de la CRC. Ils alertent ensuite plus spécifiquement sur les deux dernières années et mettent en exergue la nouvelle charge constituée par l’octroi d’un salaire de 5 000 € à Jean-Michel Arazo. L’équilibre financier est interrogé "dans un contexte structurellement déficitaire et dans une tendance à l’augmentation des charges accentuée par la mise en place récente de la rémunération du président de l’association. Cette dernière n’est pas financée à l’heure actuelle par des ressources pérennes et stables", indique le rapport.
Entre 2017 et 2023, l’association a perdu près de 370 000 € de subventions publiques, passant de 1,32 M€ à 955 000 € lors du dernier exercice étudié.
Avec près de 750 000 € d’aides en 2022-2023 la Métropole reste de loin la collectivité la plus engagée auprès de la structure même si, dit-elle, la baisse de sa contribution est venue sanctionner "un comportement de guichet".
ASB : "PATRIMOINE IMMATÉRIEL DE BÉZIERS" !
CE qui ne tue pas rend plus fort".
"La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque fois"!